Le snobisme musical et moi

J’ai un secret à vous avouer. Quand j’avais 13 ans, j’ai découvert un groupe qui a changé ma vie. J’ai appris beaucoup de chose grâce à eux, notamment ce que je voulais faire plus tard. J’ai fait mes premiers concerts sur Paris, mes premiers pas dans le monde adulte grâce à eux. J’ai fait d’énormes progrès en anglais grâce à eux. D’une certaine façon, j’ai aussi eu mon stage grâce à eux. Je les aimais tellement qu’avec des amis également fans, on a lancé ce qui est aujourd’hui le premier site français sur eux. Et il marche toujours aussi bien.

Oui mais voilà, il y a un problème. Ce groupe s’appelle Coldplay.

Et ça, le snobisme musical ne peut pas l’accepter.

Est-ce qu’aujourd’hui je suis toujours aussi fan qu’avant ? Non. Est-ce que je regrette cette période pour autant ? Non. Je suis plutôt fière du chemin que j’ai parcouru, de l’expérience que j’ai acquise. Pourtant, je me retrouve à devoir me justifier à chaque fois que j’en parle. Oui j’ai été extrêmement fan d’eux, du genre à aller faire la queue pour aller voir un concert dès le matin. Mais ça ne représente pas ce que je suis aujourd’hui.

Aujourd’hui, quand quelqu’un te dit qu’il aime Coldplay, il est tout de suite relégué dans une certaine case. « Ah, machin écoute de la musique commerciale« . Parce que Coldplay est associé à ses derniers tubes, A Sky Full of Stars, Paradise etc… Et alors même que j’adore la musique et que je me targue d’avoir une assez bonne culture, je suis disqualifiée directement. Je n’ai plus le droit à la parole car « t’écoutes du Coldplay« .

Alors du coup je deviens un peu agressive. Je défends dents et ongles que je déteste ce qu’ils font maintenant, que moi j’aimais le temps de Clocks et de Viva La Vida. Pas ce qui est sorti après. Je me sens obligée de montrer que j’écoute plein d’autres musiques, que je connais plein d’autres artistes pour qu’on m’enlève cette étiquette. Je me sens atteinte personnellement alors même qu’il suffit de me demander ce qu’il y a sur ma dernière playlist pour se rendre compte de mon évolution.

Et alors ?

Ouais mais au fond, même si j’aimais encore ce qu’ils font actuellement, où serait le problème ? En quoi ça peut gêner les gens que j’ai envie d’écouter en boucle Magic ? Après tout, je ne les oblige pas de l’écouter avec moi! Et puis écouter Coldplay ne veut pas forcément dire que tu n’écoutes que des choses commerciales. Je suis toujours étonnée quand je regarde les playlists Spotify de voir comment ils mélangent les artistes et les genres. C’est devenu presque normal d’écouter de tout.

Alors j’ai commencé à me poser des questions. Est-ce que moi aussi il m’arrive d’être aussi intransigeante avec ce que les gens écoutent ? Probablement. Le snobisme musical touche tout le monde, et moi qui n’écoute quasiment pas la radio, je suis souvent assez insensible aux buzz musicaux du moment. Et quand je découvre ces buzz, je ne vais pas forcément creuser plus pour autant. Sauf que si j’avais fait ça il y a quasiment dix ans, je serais passée à côté d’une chose incroyable. Il serait temps de réouvrir les oreilles non ?


Et vous ? Est-ce que vous vous êtes déjà retrouvés dans cette situation ?

16 commentaires Ajoutez les votres
  1. Si tu lis les Inrocks, tu verras qu’ils détestent cordialement Muse et se moquent, parfois avec beaucoup de méchanceté voire de cruauté méprisante, des fans pourtant nombreux (et à raison !!!) du groupe.
    Et tu retrouveras le même genre de commentaires sur le cinéma, la littérature, le théâtre… Comme si pour être branchés, il ne fallait que regarder des films d’auteur tchèques sous-titrés en slovaque, que lire des ouvrages destructurant le schéma narratif traditionnel jusqu’à l’incompréhension surréaliste, que voir au théâtre des expérimentations avant-gardistes révolutionnaires…
    Moi je dis : Non au snobisme ! On peut écouter Mozart et Coldplay, on peut regarder Ken Loach et Star Trek, on peut lire Hugo et Bussi, on peut applaudir la Comédie Française et Astier… le tout sans être schizophrène ! Juste en appréciant la diversité (et ça, c’est LE mot à la mode qui devrait réconcilier tout le monde :P).

    1. J’ai arrêté de lire les Inrocks depuis qu’ils passent leur temps à encenser des groupes puis les descendre le lendemain pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la musique qu’ils font^^.
      Mais ouais, le snobisme c’est mal, ça met des barrières avec les gens pour rien, juste pour se sentir supérieur!

  2. Tout à fait d’accord avec toi et Florie ! Marre de ces étiquettes qu’on nous colle ! Marre de toujours devoir se justifier ! Marre …
    En musique je ne suis pas aussi calée mais dès que je parle de certains auteurs que j’aime beaucoup qui me font plaisir à lire qui me détendent … No comment !

  3. Il n’y a plus rien de Rock dans les Inrocks, à leurs yeux il n’y a que Booba qui est géniale ! Et pour le coup je ne comprends pas bien 🙂 Après il est toujours facile de dire tel groupe est commercial ou tel groupe ne l’est pas, mais la musique signifie pour chacun quelque chose de différent et je pense qu’il faut faire fi des avis.

    1. Ahaha, ça serait assez hypocrite de ma part de critiquer les inrocks parce qu’ils aiment Booba! Mais je vois ce que tu veux dire, la musique c’est comme les gouts et les couleurs, ça ne s’explique pas, ça se vit!

  4. Oh punaise, merci !
    C’est exactement ce que je ressens ! Musicienne et chanteuse, on m’a collé une étiquette de « cette fille écoute de la merde » tout ça parce que j’écoutais AUSSI de la musique populaire et pas QUE de la musique « éclectique ». En fac de musique et en conservatoire, si tu aimes Coldplay, tu te la ferme et tu le dis à personne .. C’est ton petit secret. Non mais .. N’importe quoi !

  5. J’ai droit à ce genre de réfléxion au moins trois fois par semaine aha !
    J’écoute essentiellement du metal et du punk mais il m’arrive d’aimer quelques chansons plus commerciales. Et directement j’ai droit à des « euh, tu sais que c’est commercial ça ? Quand on écoute du punk on est pas censé ecouté la radio quoi ». Mais merde, commercial ne veut pas dire musique de merde.
    Y a des musiques de merde dans le commercial, y a des musiques de merde dans le punk, dans le metal, dans le rap et dans tous les autres styles.
    Aujourd’hui si on aime un style, on dirait qu’on ne peut pas sortir de cette zone de ‘confort’ et c’est bien dommage.

    1. Mais oui! Une musique commerciale n’est pas forcément une mauvaise chose! Certaines musiques ont du succès commercial mais ça ne veut pas forcément dire que c’est surproduit par des gros producteurs!

  6. Entièrement d’accord. Tu n’as même pas besoin de te justifier.
    Moi, j’étais fan de Queen (je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître , et j’adore Miles Davis. Je me targue même d’écouter les Frero de la Vega lorsqu’ils passent à la radio (même pas peur ).

  7. Je suis bien d’accord avec toi ! Je pense ces gens qui critiquent la musique que les autres écoutent se donnent juste un genre. Je pense que la musique fait appel à la sensibilité. En ce qui me concerne je lis beaucoup la musique aux instants et aux périodes de ma vie. Alors elle peut bien être la dernière chanson commerciale de Justin Bieber ou alors une vieille chanson des rollings stones, du moment qu’elle me rappelle un moment heureux de ma vie, je n’ai aucun mal et aucune honte à l’écouter.

  8. Moi, personnellement j’adore Coldplay, et ce, de A à Z. De leur début jusqu’à leur tout dernier album et je suis un musicien avec plus de vingt ans d’expérience derrière la cravate et j’ai des goûts complètement variés qui vont de Debussy à Pat Metheny en passant par S Club 7 et Pink Floyd ou même Eminem ! Je n’ai pas d’exigences au niveau du style ou du niveau de recherche musicale quand vient le temps d’apposer mon sceau d’approbation sur une pièce. Pour moi l’important c’est que ça groove, que ça réveille en moi des émotions, quelles qu’elles soient et que je sois en mesure d’entendre et de comprendre la progression d’accords et la mélodie. Après ça, je m’en fou que ce soit de la pop à deux sous où du jazz hyper recherché qui frise la masturbation mentale, si j’aime ça, j’aime ça! N’arrête jamais d’aimer tout ce qui vient te chercher et surtout, par pitié cesse de te justifier ! Les vrai connaisseurs de la musique en tant que message universel, et pas un medium pour booster l’égo, sauront te respecter dans tes goûts. Moi j’adore pour mourir Mylo Xyloto! Je suis en pâmoison devant cet amalgame de sonorités qui m’emplit d’une euphorie extatique…

  9. Le snobisme musical n’existe pas… C’est un mélange de mal prononcé et de mal écouté, entre celui qui trouve qu’une musique n’est qu’un prétexte pour faire de l’argent et qui juge de manière très sec « c’est de la merde… » et l’autre qui comprends « t’es nul à écouter çà… ». D’ailleurs soit dit en passant moi qui suis très critique avec Maître Gims comme un ténor du bas niveau (n’en soyez pas choqué, c’est lui que je critique avant tout) Coldplay n’est en rien une musique de merde.

    Il faut aussi comprendre au-dela de çà que pas tous le monde à la même oreilles, et une oreille sa se travail. Avec de l’écoute notamment et il n’y a pas grand chose a travailler sur NRJ avec 90% des morceaux avec une structure 4/4, intro/couplet/refrain/bisrepetita/outtro en 2min50 chrono… Quand on écoute de la musique classique, progressive, traditionelle ou élaboré comme le jazz-fusion alors oui la radio et la télé paraît bien fade sachant que cette passion pour ce genre de musique n’arrive pas non plus du jour au lendemain et qu’il faut souvent plusieurs écoute pour en tirer la quintessence. Une oreille sa se travail, comme le palais, inutile d’espérer être un fin gourmet en allant au mac-do tous les jours.

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